Albert Richter (1912-1940), à la fin d’une course, pose ostensiblement le bras sur sa cuisse au lieu de faire le salut nazi lors de la photographie officielle. Il est l’un des plus grands coureurs cyclistes allemands de l’entre-deux-guerres. Alors que la machine nazie prend peu à peu le pouvoir en Allemagne, Richter reste fidèle à son entraîneur juif, Ernst Berliner, et prend tous les risques pour lui venir en aide. Richter est retrouvé mort le 3 janvier 1940. Coll. Renate Franz.
Le Sportif antifasciste. France, 1934. Journal du comité d’organisation du rassemblement international sportif contre le nazisme et le fascisme. Coll. Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne.
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résister
dans et par le sport
L’athlète du Reich doit incarner le portrait idéal de l’aryen tel que le concevait le régime nazi : l’héritier du héros antique et de l’athlète moderne.
Dans ce contexte pratiquer un sport, loin d’être synonyme d’épanouissement individuel et de divertissement, implique pour l’idéologie nazie discipline, dressage, et encadrement des corps, selon le célèbre slogan « ton corps ne t’appartient pas, il appartient au Führer ». Cependant, des athlètes et même des champions, souvent isolés, ont su en quelque sorte résister à l’emprise totalitaire du régime. Ni politiquement antinazis, ni intellectuellement engagés, Albert Richter et Max Schmeling aiment la gloire et le succès mais refusent d’incarner le modèle aryen et de se laisser utiliser par la propagande du régime. Ils n’adhèrent pas au parti nazi, en dépit d’une forte pression et de menaces de plus en plus explicites. Lorsque le régime renforce les mesures antisémites, ils refusent de renvoyer leur entraîneur juif et multiplient les gestes de courage et de dissidence. Ils paieront un lourd tribut de cette insoumission.
Une forme de résistance collective s’est également développée à travers des activités sportives et les déplacements sportifs, souvent parmi les seuls autorisés. Ils ont pu servir de couverture à des formes d’organisation résistante comme les foules des stades ont pu devenir des refuges pour les combattants. Sport Libre, fondé en 1941 par Robert Mension et Auguste Delaune, offre le seul exemple de mouvement sportif clandestin français. Il est une illustration de la participation du sport ouvrier aux combats de la Résistance et, plus précisément, un prolongement dans le stade de l’action résistante communiste.
Le sport en lui-même, notamment sous sa forme de culture physique, est un pourvoyeur d’énergie et un reconstituant psychique. Les maquisards ont pu l’utiliser, par exemple, pour se maintenir en forme et se préparer au combat. Le sport, enfin, a pu servir de défi dans les situations les plus extrêmes. C’est ainsi que le champion de natation français Alfred Nakache et le jeune Noah Klieger nagent dans une citerne d’Auschwitz III à l’insu des gardes. Pour se prouver qu’ils n’ont pas été privés de toute humanité, et aussi pour redonner courage à leurs compagnons d’infortune. Suite >>
quizz Quel est le nom du mouvement de résistance sportif clandestin français?
« Sport Libre»
Robert Uhrig